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L’acte fondateur de ce projet est d’ordre territorial. Courtelary est un village qui se développe autour de ses circulations principales : la route cantonale, linéaire, et La Suze, sa ligne d’eau animée. C’est à l’entrée du village, là exactement où se trouve le site Camille Bloch que le cours d’eau forme une anse plus large et plus sensuelle ; le cordon vert de la végétation lui ajoute une troisième dimension. La volumétrie proposée est sensible à cet appel. Le bloc théorique linéaire s’adapte, suit l’attrait de la courbe, s’aplati, s’élargi, tenu à la hauteur de sa tête par une passerelle. Comme une séquence zigzagante de « ragusa », la volumétrie du nouveau bâtiment s’approche du méandre de la Suze et s’éloigne de la rigidité du bâti.
Côté Nord on obtient un dialogue entre une zone paysagère et une architecture basse, calme. Côté Sud l’espace dilaté, en retrait de la route, crée une place inattendue : la « piazza ». Ce vide au centre des constructions aux parfums de chocolat est le point de rencontre d’une nouvelle animation. Autrefois nié par la proximité des bâtiments, ce nouvel espace constitue un point de repère où se trouvent les accès aux visites et où Camille Bloch se rend visible à tous les passants. Symboliquement cet espace affiche la volonté du chocolatier de s’ouvrir au monde, l’envie d’accueillir des visiteurs.
Les visiteurs en provenance de la gare seront guidés par le signe de la passerelle. A la forme d’un « torii » qui définit en orient l’entrée d’un enclos sacré, cet élément marquera le passage piéton et l’accès à l’espace de rencontre. Pour les voyageurs en voiture sont mis à disposition des places de parc paysagères aux abords de la Suze. Tout le monde se retrouve enfin sur cette place, où il est possible de jeter un coup d’œil sur l’exposition, où le café en été déploie sa terrasse, où en vitrine les apprentis chocolatier s’initient et où, à l’abri de l’étage en porte-à-faux, se trouve l’entrée de l’espace d’accueil. Ici les vagues en pierre du pavé rendent hommage à l’eau des zones végétalisées sur le thème fluvial animent l’espace et créent une protection vers la route, de grands bancs en « béton-chocolat » s’assemblent et évoquent des restes de production.
Le bâtiment est une sorte de pyramide à trois niveaux où chaque niveau correspond à une fonction précise : le rez-de-chaussée est l’étage d’accueil, le 1er étage celui de travail et le 2ème celui de la cantine en liaison directe avec la production. Nous avons voulu faire entrer les visiteurs dans le cœur du complexe. Le hall est un espace où les divers secteurs entrent en relation : la réception, la boutique, le café, les ateliers, le départ de l’exposition et, par le vide, la salle polyvalente et l’étage administratif. Tous sont connectés et leur disposition devient claire pour le visiteur. Il sera naturellement attiré vers l’espace à double hauteur où la visite commence.
A l’étage supérieur, l’espace de travail est conçu sur un unique niveau avec des bureaux modulaires partiellement vitrés sur un chemin de distribution. La géométrie du bâtiment permet à ce parcours de se dilater progressivement et de devenir lieu de rencontre. La salle polyvalente. est équipée d’une vaste terrasse, moment poétique terminal.
Un étage plus haut, les employés de l’administration rencontrent à la cantine les collègues qui viennent de la partie production grâce à la passerelle, qui avec un geste ferme et gentil tel une poignée de main relie la nouvelle construction à l’ensemble historique.
Les pliages du plan de l’édifice correspondent à des changements de direction et de perspective, moments de « krisis » qui symbolisent celles de l’histoire de la société, non linéaire mais rythmée par des moments charnières et par des décisions stratégiques. L’expression générale extérieure des constructions est confiée essentiellement à deux matières : le verre qui communique la transparence, l’ouverture et la relation directe avec la nature, et la tôle d’aluminium qui représente un langage en même temps industriel et originel, surface sur laquelle l’environnement se reflète selon la lumière du jour. Réinterprétant l’emballage du chocolat, cette matérialisation crée un monde unique pour Camille Bloch tout en restant essentielle et sincère.