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Le caractère des espaces publics du quartier du Flon est donné d’abord et principalement par la configuration de l’ensemble bâti et par l’échelle de l’architecture.
Étendu sur le plat gagné par le comblement au XIXe siècle du vallon de la rivière du Flon, ce quartier, avec son organisation strictement orthogonale, se singularise de fait dans la topographie mouvementée de Lausanne.
Depuis les projets de nouveau quartier des années 1980, abandonnés de vives luttes au profit d’une attitude de préservation-transformation de l’existant, la réappropriation progressive des lieux a été entamée dès la fin des années 1990. C’est au fil des ans et des étapes graduelles de mutation, mêlant transformation de bâtiments existants et nouvelles constructions, que s’est sédimentée la réappropriation du quartier. Ce renouveau a généré un dynamisme et une ambiance qui se sont inscrits durablement dans la vie lausannoise, au cœur du centre-ville ; à tel point qu’il semble même difficile aujourd’hui d’imaginer comment il pourrait en être autrement.
Et puis il y a les gens, nombreux, à toute heure du jour et de la nuit, plutôt jeunes ou, les années passant, pensant l’être resté, qui y viennent pour des raisons variées, mixité oblige. Dans les rues et les venelles du quartier du Flon, issues de son activité industrielle antérieure, ce ne sont plus des marchandises que l’on transborde, mais des personnes qui y marchent, y passent, s’y promènent, s’y retrouvent.
Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Elle en est même à un point important de son histoire avec des transformations majeures au sein du quartier, comme dans ses alentours. Le Flon et sa vitalité sont un peu comme un écosystème riche et diversifié avec toutes les fragilités qu’implique le maintien de l’équilibre général. Il s’agit alors de s’inscrire dans le mouvement en cours, avec des propositions mesurées qui accompagneront l’évolution globale du quartier et la poursuite de sa réappropriation.
De la friche révolue, c’est bien un nouveau bout du centre-ville qu’il s’agit de penser et d’aménager, dans lequel la conception et le traitement de l’espace public vont jouer un rôle majeur concernant les usages, la vie et l’ambiance de ce quartier.

Du fait de la diversité des usages et pratiques en tout temps du jour et de la nuit, été comme hiver, l’aménagement de l’Esplanade du Flon pose la question centrale du commun des espaces publics, c’est-à-dire un espace public appropriable par chaque usager. En d’autres termes, il s’agit de faire coexister des usages différents dans leurs rythmes, leurs vitesses et leurs finalités. C’est à cette seule condition qu’elle continuera à jouer son rôle de liant urbain, lieu de sociabilité et de rencontre, lieu familier et approprié.
Grand vide au centre du quartier, nous avons proposé que l’esplanade du Flon soit un lieu préservé de tout aménagement fixe et contraignant. Nous l’avons envisagé comme un grand plateau de pierre naturelle prêt à accueillir les événements et manifestations qui viendront animer la vie du Quartier du Flon.
L’esplanade est uniquement flanquée sur ses deux grands côtés d’un alignement de chênes agrémenté de bancs doubles, distinguant le centre de la place des voies de desserte latérales.
Les axes des plantations règlent et organisent les fonctions et les équipements (mobilier, terrasses, mâts d’éclairage) et libèrent l’espace central. Les bancs bénéficieront à terme de l’ombrage des arbres et gagneront en intimité.
Une fontaine en pierre installée sur l’axe central crée un point de rassemblement plus ensoleillé. Par la générosité de ses margelles taillée dans le calcaire qui caractérise la place, la fontaine s’offre comme un autre mobilier, un point focal et ludique de l’esplanade.
La riche vie commerçante du quartier investit les bords de la place en installant dès les beaux jours les terrasses des cafés et restaurants, invitant les passant à une halte dans leur déambulation.
La vie nocturne n’est pas en reste et un éclairage soigné illumine de façon subtile ce lieu de rassemblement et de fête.