La bâtisse dont il est question ici a une forme de maison bourgeoise,
fermière par son implantation et son apparence rustique,
domestique. Elle n’est pas inscrite au patrimoine, mais est en cours de mise à l’inventaire.
Une maison située dans la campagne
genevoise que nous avons pris soin de préserver tout en
lui offrant une rénovation qui vient multiplier les possibilités
de l’habiter. De la rendre vivante.
RÉVÉLER L’EXISTANT.
Ce projet lauréat est se seul qui propose de préserver l’existant sans le modifier, l’extension est clairement définie par un volume indépendant.
Notre intervention maximale consiste en un cube de béton et
touches de verre qui vient jouxter le bâtiment originel. notre
objectif était de ne pas toucher à la maison, mais de venir à
côté. Ne pas dévoiler tout de suite la nouveauté,
mais longer d’abord la maison pour en découvrir ensuite
l’extension. Faire se côtoyer deux époques, deux architectures.
Plutôt que de les coller et d’opérer une hybridation délicate,
Nous créons une sorte de respiration entre les deux bâtiments.
De l’extérieur, il est ainsi possible de voir à travers la cuisine.
Ce monolithe troué de fenêtres autorise en effet des percées
visuelles allant jusqu’aux montagnes, de l’autre côté. Il se compose
d’une unique pièce abritant la cuisine, une pièce à vivre qui
se déploie face à un panorama d’exception s’étendant des Voirons
au Salève et plus loin encore. Soit un promontoire sans garde-corps
ni barrière physique venant entraver la contemplation
première. Une terrasse vient surplomber un terrain en pente et
permet de profiter du cèdre qui date de bien avant la construction
de la maison. Le jardin est parsemé d’arbres fruitiers autochtones,
à la manière d’un verger d’antan.
Si les deux modules constructifs peuvent sembler antinomiques,
un fil d’Ariane relie le nouveau à l’ancien. La maçonnerie en
béton apparent se veut en résonance au niveau de la matérialité par rapport à celle de la maison existante.
La maison, quant à elle, propose une relecture romancée de
son passé. Avec une grande pièce à vivre décloisonnée, où des
claires-voies viennent remplacer les portes. Avec des mosaïques
dans les salles de bain qui font écho aux tomettes des paliers.
Avec des corniches conservées et restaurées pour leur caractère historique,
parce qu’elles sont un témoignage, une empreinte de l’existant
délimité par un mur qui n’est plus. Un ton gris clair vient recouvrir
tout le rez-de-chaussée comme un voile. Au sommet, la
chambre principale occupe les combles ; c’est une pièce unique,
avec des dressings individualisés et une poutraison apparente.
Sans cloison, transversale d’une fenêtre à l’autre, telle une suite
qui impose sa solennité, son silence. Pour s’en convaincre, il
suffit de jeter un regard vers le jardin pour un tête-à-tête hautement
symbolique avec les frondaisons du cèdre, définitivement
maître des lieux.
Si le cube est tout de béton revêtu, la maison est recouverte
des fameuses tuiles de Bardonnex ; ce n’est pas un détail car elles
constituent la toute dernière livraison de cet authentique pan du
patrimoine genevois. Des tuiles dont pas une ne ressemble à sa
voisine et qui offrent une composition picturale absolument
unique.