Le projet occupe un lot qui s’inscrit dans les gabarits volumétriques du vaste plan d’extension urbanistique de l’Écoquartier des Vergers à Meyrin. La programmation des rez-de-chaussée et la création d’espaces mutualisés (salle polyvalente et salles de musique insonorisées) sont coordonnées à l’échelle du quartier. Corseté dans son volume, le projet opère par soustraction et crée de généreux espaces de rencontre et de collectivité en contraste avec la grande densité occasionnée par la répétitivité des chambres d’étudiants.
A l’image des principes de spontanéité du « flash-mob », le projet combine communauté et intimité dans un espace-temps restreint. Le bâtiment promeut un cadre de vie où l’attractivité sociale et la richesse des échanges s’expriment comme des éléments prépondérants de la vie coopérative, propice aux rencontres spontanées et à l’appropriation de l’espace collectif. Dans ce contexte de promiscuité et de domesticité, la gestion sensible des seuils d’intimité s’effectue par étapes successives, de la vie publique (la rue) à la sphère privée (la chambre). Le regroupement programmatique de certaines fonctions (zones distributives, espaces extérieurs, cuisines et entrées) et la création d’espaces aux proportions et aux usages diversifiés (coursives, vide central, alcôves) favorisent l’habitabilité des moments de passage et leur confèrent des synergies d’usage aux appropriations multiples.
Les 10 logements communautaires occupent les 4 étages supérieurs et accueillent 70 personnes en formation. Ils abritent 6 colocations de 10 à 15 pièces organisées en duplex et 4 appartements de 3.5 pièces pour des couples d’étudiants avec enfants. Les espaces communs (entrée, cuisine, salle à manger, salon, alcôves, espace de co-working) et les zones privées (chambres, salles de bain) sont clairement cloisonnés, garantissant des zones d’intimité et de repli salutaire pour l’épanouissement de la vie communautaire. Le rez-de-chaussée et le sous-sol complètent l’offre sociale par des activités commerciales (restaurant, échoppe, atelier) et collectives (foyer, salle commune, salles de musique). La possibilité de connecter les appartements en duplex au travers de l’étage supérieur permet d’anticiper un éventuel décloisonnement des modes de vie domestique.
L’accès aux logements s’effectue un étage sur deux par une large coursive qui offre une riche appropriation fonctionnelle aux habitants et une forte interaction entre l’intérieur et l’extérieur.
L’expression des façades oscille entre la répétitivité du module de la chambre et les exceptions crées par l’insertion des espaces de jour traversants. Les décalages subtils des ouvertures sur la façade sur rue et l’alternance des étages sur cour illustrent la recherche de cohésion et d’équilibre entre individualité et collectivité.
Le bâtiment est certifié Minergie A P Eco. Il s’inscrit dans une logique environnementale pensée à l’échelle du nouvel Écoquartier des Vergers à Meyrin. Ses principes statiques recourent aux qualités propres de trois matériaux : le béton constitue les fondations et le noyau de circulation tout en assurant le contreventement de l’immeuble ; l’acier optimise la structure primaire des étages et garantit un tonnage d’acier inférieure à une structure traditionnelle en béton ; le bois fait office de remplissage pour les dalles et les éléments pleins de l’enveloppe.
Une démarche participative avec des étudiants de la coopérative de La Ciguë a permis de définir, dès la phase de concours, les besoins des futurs habitants et de spécifier les attentes d’une population dynamique et engagée. La coordination des affectations commerciales et collectives a été menée à l’échelle de l’ensemble de l’Écoquartier.
Dreier Frenzel Architecture+Communication