À l’origine était une modeste habitation sans qualité particulière située dans un quartier résidentiel proche du centre-ville de Nyon. Elle était constituée de deux parties distinctes : un sous-sol en béton et une charpente en bois sur un étage. Suite aux discussions avec les clients, il a été décidé de conserver le sous-sol pour en faire le socle d’une nouvelle habitation.
Si l’ancienne maison était en charpente bois, la nouvelle est une charpente en béton. Le principe a consisté à poser au-dessus du socle existant une nouvelle construction sans effectuer de reprises en sous-oeuvre ni de renforts. L’ossature faite de pièces en béton préfabriqué est posée sur une dalle se prolongeant en coursive sur les pourtours. Celle-ci est renforcée en-dessous par deux poutres qui forment une « jupe » et assurent une répartition optimale des charges sur les murs existants. Au-dessus, sont encastrés six points porteurs. Les quatre colonnes d’angle ont une forme pliée qui assure le contreventement de l’ensemble.
Au-dessus des colonnes repose une ossature de poutres en béton composée de trois couches solidaires: des poutres primaires, des poutres transversales (solives) et enfin des poutres de couronnement qui travaillent à la compression. Ces trois couches travaillent statiquement comme une poutre unique. La toiture de la maison, isolée de l’intérieur, est suspendue aux solives. Les pièces en béton préfabriqué ont été acheminées sur le chantier et montées en deux jours par un camion-grue. Leur dimensionnement et leur forme répondent directement à la logique « s’élever-franchir-contreventer ».
La nouvelle ossature en béton suit par analogie la logique d’assemblage d’une charpente en bois. La boite habitée, revêtue d’un bardage de mélèze, est glissée en-dessous de la structure en béton. Les deux systèmes sont traités de façon monochrome. Puisqu’aucun élément porteur ne traverse l’espace habité, le noyau central d’espaces de service est décroché du plafond, renforçant le sentiment d’amplitude spatiale. Au langage massif extérieur s’oppose le traitement surfacique intérieur.
Préserver une partie d’un bâtiment existant c’est économiser de l’énergie grise. Le montage à sec de l’ossature béton assemblée par clavage et du revêtement en bois livré par pans de 250 cm de longueur, permet une économie de temps de construction.
Cette maison est enfin l’expression d’un plan libéré qui s’inscrit dans la durée. À tout moment, l’usager peut abattre des parois de séparation et agrandir ou modifier l’agencement intérieur. Ce qui subsistera dans le temps est l’archétype en béton dans sa forme élémentaire et l’enveloppe en bois enchâssée à l’intérieur de cette structure.