Initialement pensé comme une installation militaire, le château de Chillon s’est entre-temps transformé en destination touristique internationale. La double volonté de libérer le château des programmes – salle de pique-nique, boutique, toilettes publiques – qui ont avec le temps parasité ses murs et l’amélioration de l’accueil du public dès l’entrée sur le site paysager, ont démontré que les aménagements des abords du château devaient être reconsidérés. La structure paysagère du parc existant et les pavillons d’une échelle modeste se sont avérés comme les éléments pouvant appuyer la sensation d’unité et de cohérence à cette ensemble patrimonial d’importance nationale.
Le projet « Jardin anglais » cherche à intégrer les multiples époques, fonctions, symboles et vestiges qui font de Chillon un mythe de la culture européenne et suisse. Il se réfère à la fin du XVIIIe siècle, alors que fonction touristique, naissante, et militaire, finissante, coexistent sur le site et que la mode du jardin paysager à l’anglaise déferle sur le continent sur fond de philosophie rousseauiste. Le projet propose ainsi d’adjoindre un parc au château. Les multiples objets qui parsèment les abords du lac – buvette, shop, débarcadère, bazar, fortins, kiosques – en deviennent les pavillons, les fabriques. « Jardin anglais’ » dessine un cadre pour un lieu exceptionnel de loisir et de découverte à destination du tourisme international et familial.
Monument le plus visité de Suisse, Chillon prend l’ampleur que sa fréquentation exige. A l’instar des Trianon, Sanssouci et autre Nymphenburg, il devient Parc et Château. Sur 400 mètres de rive, ses environs deviennent lieu de loisirs pour les excursionnistes régionaux et lieu de découvertes pour les touristes internationaux. Un pavillon cafeteria affirme une architecture attractive sans affecter la silhouette antique du monument.
Les doux méandres des aménagements jardiniers, inspirés par Rousseau, proposent à la visite de devenir flânerie. Les cheminements aboutissent à des perspectives iconiques sur le lac, les alpes et le château, la gaieté d’une balade au bord de l’eau s’ajoute au raffinement de l’architecture médiévale. A l’aide d’une végétation densifiée, le domaine du château se distingue subtilement du paysage et permet l’ancrage du monument dans son site.
À l’entrée, le nouveau pavillon du café Byron compose la dernière attraction du jardin. Déjà depuis la route cantonale, il attire l’attention comme une vitrine. Avec son toit papillon s’ouvrant des deux côtés, lac et montagne, il crée un geste d’ouverture et d’accueil. Son attitude rayonnante magnétise et dialogue avec l’ensembles des acteurs paysagers : lac, montagne, végétation, pavillons et infrastructures. Alliant minéralité et légèreté, il réunit les teintes du site avec un programme contemporain et international.
Il offre une vue illimitée sur le château tout en s’ajustant à l’échelle pavillonnaire. Le treillage engravé dans les murs en béton s’oriente au registre sémantique des pavillons traditionnels d’un jardin anglais. Depuis l’intérieur, les regards peuvent errer au travers de larges pans vitrés sur le château, le lac ou les pentes du Chablais. Lieu de contemplation et de repos, il se veut amplification de l’expérience «Château de Chillon».
La dalle de toiture en béton apparent est laissée brute. La portée de 15 mètres entre les points d’appuis et l’absence de poteaux dans la salle du restaurant est rendu possible par la construction d’une dalle plissée de 30 cm. La dalle de toiture se comporte comme un pont avec deux appuis, l’un est encastré et connecté avec le radier et l’autre est dit glissant pour réduire le risque de fissuration et garantir l’étanchéité. Le relief en losange des murs en béton a nécessité le développement de matrices de coffrage en panneaux 3-plis en bois de 40 mm taillés à la CNC. Le béton est teinté dans la masse pour s’approcher de la teinte du château et s’inscrire dans le respect du site patrimonial.
Dreier Frenzel Architecture+Communication