Situé dans le bourg historique du village de Vaulruz, le bâtiment se compose de 6 appartements et d’un local collectif mutualisé. Rendu possible par une division parcellaire faisant suite à un héritage familial, la nouvelle construction propose une densification douce a proximité d’un bâtiment existant. Originaire du village, le maître d’ouvrage souhaitait s’engager dans une démarche de durabilité locale en proposant une offre de logements collectifs. Le cahier des charges se focalisait sur une construction bois et une architecture aux qualités sociales.

Le volume en L préserve et entoure un noyer, élément identitaire du site. Cette morphologie en angle s’inspire des maisons urbaines multifamiliales mais répond aussi par mimétisme aux bâtiments ruraux typiques de la région. Le projet allie tradition locale et industrialisation contemporaine dans un bâtiment conçu en bois. Le rapprochement des caractéristiques rurales et urbaines crée un hybride « rurbain », qui se traduit non seulement par les besoins d’une population de locataires-pendulaires expérimentant quotidiennement la proximité entre ville et campagne, mais aussi par une approche architecturale qui instaure un dialogue entre le contexte vernaculaire et la formalisation d’une architecture contemporaine.

La forte déclivité du terrain naturel a permis de disposer l’entrée de l’immeuble au niveau inférieur dans une échancrure de l’angle nord du bâtiment et d’orienter les appartements vers le jardin collectif, qui prend place sur la partie plane de la parcelle. Un local collectif, en lien avec le hall d’entrée, crée un lieu de convivialité qui peut être utilisé autant comme chambre d’amis que comme espace polyvalent pour des activités auxiliaires au logements.

La création d’appartement jouissant d’une triple orientation sur le paysage environnant a généré une typologie articulée autour d’un noyau central, qui organise les percées visuelles et les différents espaces domestiques. Une intervention de l’artiste Simon Deppierraz a permis d’anoblir les matérialités et l’éclairage dans la cage d’escalier. En complément de cette intervention, les sols des paliers ont été réalisés en auto-construction, avec l’appui d’un architecte-artisan. Ce terrazzo en matériaux de réemploi détourne d’anciens cadres de fenêtre, coupés, puis coulés dans une chape bois-plâtre.

Le soubassement en béton, partiellement enterré, sert d’assise à la construction hors-sol des étages, réalisée entièrement en bois. Les façades en bois offrent une lecture rurbaine différenciée selon les orientations : des tavillons traditionnels mis en œuvre par un artisan local sont utilisés pour les façades latérales et exposées, alors que les pignons et la découpe de l’entrée révèlent une mise en œuvre industrialisée issue de la préfabrication.

Afin de rationaliser les coûts et les délais de construction, le projet a fait l’objet d’une collaboration étroite avec l’entreprise générale EYAB. Dans un souci d’économie des moyens, d’augmentation de la qualité constructive et de suivi des filières, un architecte-artisan a participé à la réalisation des cuisines, des sols des paliers et du mobilier extérieur. Un soin particulier a été donné aux détails constructifs et au choix des matériaux, en particulier sur les éléments en bois issus à 80% de la filière suisse.

Dreier Frenzel Architecture+Communication