Le village historique de Lavigny fait partie des sites remarquables de La Côte, bordé au sud par des parcelles viticoles qui en dessinent les limites patrimoniales. La topographie est domptée par un ensemble de murs de soutènement formant les contreforts des premières habitations et plaçant leurs jardins privés en promontoire face au lac.
Le projet paysager et d’abri intervient sur une des parcelles attenantes aux maisons villageoises. Il s’installe sur la rupture de pente, comme un artefact des murs de pierre, à l’endroit où se rencontrent la nature domestiquée des jardins et le paysage structuré des vignes. Il développe une succession de murs, de paliers, de niches et de ressauts qui épousent le terrain et décomposent le parcours en plusieurs lieux d’agrément.
Chaque élément construit se fond dans une matérialité commune : un béton au gros granulat, teinté dans la masse et dont les aspérités sont révélées mécaniquement par une destruction plus ou moins prononcée des surfaces de béton fraîchement décoffré, à la pioche, au marteau, ou par sablage. La combinaison des procédés d’altération du béton avec l’ouverture de joints creux au sol produit un aménagement brutaliste propice à l’action ultérieure du temps et de la nature. Aux plantations champêtres composant le nouveau jardin, s’ajouteront la patine et la vie organique des surfaces, fusionnant peu à peu l’intervention dans la minéralité caractéristique du site.
La particularité de l’intervention réside dans la recherche de résolutions architecturales et paysagères capables d’intégrer des appropriations privées dans un site exposé, à dimension patrimoniale, et d’éviter un délaissement de ces lieux de vie historiques. Dans ce projet, paysage et architecture se sont côtoyés sur un même pied d’égalité, nos deux bureaux ayant naturellement collaboré aux différentes étapes de la conception. Cette collaboration étroite s’est retrouvée avec les entreprises locales (maçon, paysagiste) avec lesquels nous avons pu favoriser des procédés de mise en œuvre simples et entièrement artisanaux mais aussi avec le maître d’ouvrage lui-même qui a activement participé au chantier et au façonnage des murs à la pioche…