Château cantonal Saint-Maire à Lausanne
Un monument restauré
Siège du gouvernement cantonal, le château Saint Maire n’a cessé, depuis sa construction à la fin du XIVe siècle, d’abriter les instances du pouvoir régional : les Princes-évêques jusqu’à l’introduction de la Réforme en 1536, les Baillis de Berne ensuite, enfin, les Conseillers vaudois depuis 1798. L’actuelle réhabilitation du château confirme la continuité de cet usage pour l’avenir.
Cette permanence de l’utilisation implique, pour le bâtiment, un continuel ajustement à l’évolution de la fonction qui l’a vu naître et qu’il abrite toujours. Cette adaptation n’est pas libre cependant, ni aléatoire : elle suit des modes précis, qu’il s’agit de reconnaître et de conserver de manière à ce que la dynamique monumentale qu’ils ont initiée se poursuive dans le temps.
L’intervention répond au programme général suivant :
- conserver et restaurer la substance historique de l’édifice
- optimiser les circulations et l’utilisation des espaces existants
- améliorer l’ouverture du Château au public
- réhabiliter les installations techniques et rationaliser les aspects énergétiques
Le projet se développe sur quelques principes.
L’occupation du vide :
Le château a été construit grand et recèle plusieurs espaces inoccupés dans lesquels ont été glissés les locaux du nouveau programme : la «Salle des Communes» dans le grand comble, la « Salle des médias » dans les grandes caves, ou les deux bureaux paysage au cœur du chemin de ronde.
La creuse du plein :
La masse maçonnée est impressionnante à Saint-Maire, tellement que, dès le 15e siècle, les occupants du château ont cherché à exploiter la mine de vide que représentait le plein des murs : ouverture de passages, d’escaliers, de dégagements, tout cela a été gagné sur la matière. Le projet suit ce réflexe : le nouvel ascenseur a été foré dans l’épaisseur considérable de la façade ouest du corps de logis.
La coupe droite :
L’insertion d’éléments nouveaux nécessite parfois d’autres manières de faire que de jouer sur le plein et le vide. La coupure en est une, qui permet de préserver le témoignage monumental tout en intervenant sur lui. Ainsi le bouchon qui obstruait le bas de l’escalier Delagrange : coupé à moitié, il reste entier dans sa lisibilité de bouchon, tout en libérant le passage et la perspective piranésienne des piles de l’ancien pont-levis.
La mise en perspective de l’histoire :
Les équipements nouveaux du château s’expriment par leur caractère contemporain et dialoguent avec les structures historiques conservées et mises en valeur par un traitement archéologique rigoureux.
La revalorisation des accès :
Le projet requalifie les trois accès historiques du Château. L’accès principal, par l’esplanade, trop exigu, est remplacé par un vaste perron qui dialogue avec le dispositif d’entrée au Parlement qui lui fait face. L’installation de la salle de presse dans les caves donne ensuite une nouvelle raison d’être à l’entrée médiévale dite de la « Barre ». Enfin, dérobée sous la grande arche de l’annexe, la porte inférieure sert désormais aux utilisateurs quotidiens du château : un nouveau massif d’escalier, extérieur, la relie à l’aire de stationnement des véhicules.
Le projet, contemporain, tente ainsi de respecter les extraordinaires continuités qui font à la fois l’actualité de Saint Maire et sa valeur monumentale.