Par sa situation entre le Rhône et le quartier de Plainpalais-Jonction, les aménagements extérieurs de l’Écoquartier jonction ancrent les nouveaux bâtiments dans leur contexte et font de l’espace non-bâti un acteur principal de la revalorisation du site. Sur ce projet, avec plusieurs bâtiments de logements et de nombreux programmes publics et de loisirs, la relation entre objet bâti et vide urbain a fait l’objet d’une recherche sensible sur les seuils et porosités de l’espace public. La vision paysagère et urbaine du quartier invite les habitants à se rencontrer et propose des séquences variées d’espaces aux qualités et aux appropriations variées.
Les aménagements paysagers ont été développés en collaboration avec le bureau d’architectes-paysagistes Westpol dès la genèse du projet. La considération des éléments paysagers identitaires comme marqueurs du développement du projet a permis de générer des ambitions collectives et communes dans les espaces extérieurs du quartier. Le concept du « Social Loft », développé dans les trois immeubles de logements, sublime ce dialogue actif entre habitat partagé, espace collectif et lieux intimes. L’Écoquartier ambitionne faire cohabiter le logement social – ses réalités domestiques et économiques- avec l’imaginaire et les traces des espaces industriels existants, créant un cadre de vie mixte et pluriel,. Ce cadre est mis en scène par des espaces publics et collectifs aux aménagements variés, par une grande diversité programmatique et par l’implication coordonnée de 6 maîtres d’ouvrages différents, dont 3 pour les logements locatifs (FVGLS, ROIS, CODHA), 2 pour les programmes annexes (Fondation des Parkings et Dépôts patrimoniaux pour la Ville de Genève DPBA) et 1 pour l’aménagement de l’espace public (Ville de Genève AGCM). Cette prise de position paysagère dans un contexte urbain s’applique à créer des toitures et espaces extérieurs accessibles dans les trois bâtiments de logements. Ces hauts lieux identitaires rappellent les expérimentations et occupations des années 80-90, où des nombreux habitants de la ville de Genève se sont fait entendre pour accéder à des logements de qualité et pour développer de nouveaux récits domestiques communs.
Cet Écoquartier urbain de 318 logements et de nombreuses affectations commerciales et publiques à la Jonction occupe une ancienne friche industrielle en plein centre-ville. Sa densité de 2.4 en fait un exemple de réaffectation dans le contexte urbain densément habité, sans pour autant sous-estimer l’importance des espaces extérieurs collectifs et publics. L’ensemble du site est dédié à la mobilité douce et le parking souterrain public-privé est dimensionné selon un ratio de 0.4 véhicule par appartement.
La volonté de diversité s’exprime dans les différentes zones des aménagements extérieurs (terrain de sport, places de jeux, zones de détente et lieux de rassemblement) et se décline à l’échelle des 3 bâtiments par une succession de seuils de transition entre l’espace public et les zones de repli dévolues à l’intimité : vie de quartier, passages couverts publics, généreuses cages d’escaliers avec apport de lumière naturelle, patios et coursives semi-collectifs, cours et toiture-terrasse collectives.
Le dessin des espaces publics a généré la masse bâtie, témoignant de la priorité donnée aux qualités des espaces non-bâtis. L’expression des façades s’inscrit par mimétisme dans la continuité des bâtiments du quartier, et les similitudes architecturales entre le 3 bâtis assurent l’esprit de quartier, sans pour autant nuire à l’identité et l’expressivité de chaque immeuble. Au rez-de-chaussée, de grands entablements en béton préfabriqués abritent les arcades commerciales ouvertes sur la vie urbaine. Aux étages supérieurs, les bandeaux des façades non-porteuses expriment des variations formelles et colorimétriques, manifeste de la liberté architecturale donnée par la mise en œuvre d’un système porteur ponctuel. La continuité du bâti est rythmée par les interventions paysagères ponctuelles, aux affectations diverses pour des usagers multiples. Elles possèdent chacune leur propre identité – plantations, revêtements, perméabilités, équipements, éclairage – et constituent les poches d’activités au sein d’un vaste réseau de cheminements.
Labellisés Minergie ou Minergie P Eco, les bâtiments ont fait l’objet d’une attention particulière en termes de durabilité et d’impact environnemental. L’apport énergétique est garanti par un chauffage à distance profitant de la proximité de l’eau du Rhône, et connectant ainsi le quartier aux ressources offertes par le grand paysage. La matérialité des aménagements extérieurs (utilisation du bois suisse, création de bancs urbains avec des pierres récupérées dans l’excavation du site), le choix des essences plantées (adaptées au climat et répondant aux besoins d’ombrage selon l’exposition des lieux), et la création d’un Ecojardin de quartier révèlent une conscience écologique et collective.
Plusieurs types de démarche citoyenne en co-conception participative durant la planification des immeubles et des espaces publics, ainsi qu’un appel à projet pour définir les surfaces d’activités des rez-de-chaussée, ont été effectués dès la phase d’avant-projet. Ceci a permis de proposer des espaces singuliers répondant à la fois aux besoins et envies des usagers, mais aussi à une vision architecturale d’ensemble à l’échelle du quartier et de la ville.
Dreier Frenzel Architecture+Communication