Un club pour le village
Club Absinthe est le projet de transformation d'un bâtiment villageois du 18ème siècle au centre du Val-de-Travers. D'une distillerie d'absinthe alors prohibée, ses murs ont accueilli de multiples fonctions à travers les âges - pharmacie, bureaux, ateliers mécaniques, logements, entre autres. Le projet de transformation est motivé par la volonté du maître d'ouvrage de faire de ce lieu un espace de rencontre pour ses co-citoyens, les covassons. Les nouveaux usages sont introduits de manière à s'adresser au village, nécessitant une réinterprétation, une relecture du bâtiment.
Interventions précises
Le bâtiment est une collection de nombreuses interventions, une longue série de transformations, d'extensions et de remaniements : chaque génération l’ayant réorganisé pour répondre à ses besoins, une multitude de couches y coexistent.
Tout (ou presque) est déjà là. Il s'agit de travailler avec ce qui existe, de cibler les lieux d'intervention et d'agir avec précision. Chaque intervention s'inscrit alors dans un dialogue entre les différentes époques : accepter, révéler, maximiser l'espace disponible, tirer parti des éléments existants, réinventer les fonctions et usages de certaines parties obsolètes, ajouter ou enlever seulement ce qui est nécessaire. Le projet procède par interventions légères, pour révéler, mettre en valeur, souligner. Une approche d’acuponcture, ou définir ce qui ne sera pas touché devient primordial, et ou les points d’actions permettent d’activer l’existant.
Un nouveau regard sur l’existant
S’éloignant d’une vision romantique du village, notre lecture du lieu s’attache à la forte rationalité du bâti rural. L’existant et ses multiples altérations sont caractérisés par un pragmatisme fascinant : la construction devant répondre à des usages en constante évolution, elle est considérée comme un outil avec lequel travailler, comme de la matière à adapter en fonctions des besoins, de manière simple et directe.
Club absinthe suit cette approche, par ses interventions minimales, par la compréhension des 200 ans de techniques qui sont passés par là.
On approche chaque élément de manière pragmatique : ainsi l’ancien pont roulant reste au-dessus de la nouvelle cuisinière, la nouvelle hotte y est attachée, les conduites existantes filant à travers les pièces restent visibles, soit peintes, soit simplement nettoyées. On ne cache rien ; chaque objet, chaque assemblage, exprime sa fonction et est ainsi témoin de la rationalité de la construction.
Réactivité
Les artisans sont contactés dès le début du projet. Ainsi, chacun peut apporter son expertise, sa connaissance du lieu et des techniques. Une collaboration proche est mise en place générant de nombreuses itérations, aller-retours, adaptations, développant une ouverture et une agilité de la conception. Nous considérons le chantier comme un grand prototype, chaque détail est dessiné, discuté, testé, adapté. Au fur et à mesure de ce travail itératif, une précision apparait ; précision résultant en une simplification des assemblages, une réduction de la matière nécessaire. Une tôle sous tension devient un avant-toit, un robinet se résume à un tube de cuivre courbé, un socle à une ligne de peinture.
Notre considération presque archéologique de la maison nous oblige à développer une capacité de réaction, une grande partie de la conception et des décisions se prenant soit sur le chantier, soit dans les ateliers des artisans.