Les projets nominés et distingués
Le premier défi de l’architecture est d’arriver à l’heure. De faire en sorte qu’une fois le bâtiment livré, il soit immédiatement compréhensible, appropriable, qu’il réponde aux attentes de ses commanditaires, et plus largement aux besoins de sa société et de son époque. Mais entre le moment où les choses ont été conçues, planifiées, et celui où elles sont construites, il y aura inévitablement des inflexions. Tout l’art de l’architecture est de ne pas perdre sa pertinence, même dans les interstices laissés vacants. C’est de définir les espaces et les usages de manière suffisamment précise, tout en laissant une marge de flexibilité pour des adaptations futures. En somme, l’architecte n’est pas sommé de dessiner l’avenir, mais de rendre son avènement possible. Être un architecte de son temps, c’est déjà laisser une place aux temps suivants, et même admettre que ceux-ci auront de quoi modifier, voire perturber nos dessins originaux.
C’est dans ce dépassement de sa propre conception — ainsi que de sa propre finalité — que l’architecture trouve sa plus grande pertinence.
La session 2023 de la Distinction romande d’architecture est l’occasion de faire un point sur la production bâtie en Suisse romande ces cinq dernières années. Cet intervalle a pu paraître plus long qu’il n’a été, en raison de la crise du COVID, qui a pu remettre en question certains usages domestiques et professionnels. Mais la bonne architecture reste celle qui résiste aux crises, et contient même, en son sein, de quoi les anticiper. Les bons bâtiments sont toujours à l’heure.
314 réalisations ont postulé pour cette distinction. Après examen des dossiers, et visites de plusieurs bâtiments, nous avons désigné 17 nominés parmi lesquels se trouvent 6 lauréats. Notre distinction ne vise pas à mettre en avant telle écriture architecturale, ou telle école stylistique par rapport à une autre. Il ne s’agit pas non plus d’un palmarès par type de programme (meilleurs bureaux, meilleurs logements, meilleur équipement scolaire, etc.). Nous avons surtout privilégié les bâtiments qui posent les bonnes questions.
Les projets que nous avons retenus sortent des conventions, assument leur écriture parfois particulière, hors mode ou hors école. Les projets lauréats vont même un cran plus loin en dépassant leur simple programme, et en proposant des solutions (urbaines, spatiales ou constructives) qui pourraient être déployées comme des petits manifestes.
Quel serait le point commun entre chacun des six projets lauréats ? Outre leurs qualités architecturales, ces six projets-là doivent leur réussite à des attitudes particulières qu’architectes et maîtres d’ouvrage ont maintenues sur le long cours.
Sans que nous l’ayons prémédité, cinq des six projets lauréats (et plusieurs projets nominés) intègrent du bâti ancien. Ce jeu de confrontation d’époques est aussi une manière de revisiter des enjeux purement contemporains : composition avec l’identité locale (avec ce rapport particulier entre urbain, rural, montagne et vallée propre à la Suisse), recréation d’atmosphères et réutilisation des matériaux, affirmation d’un art de construire conscient des enjeux écologiques. Ce détour par le passé montre aussi la capacité de l’architecture à s’adapter et à se réinventer, constat qui doit interpeller le tout-venant du bâti contemporain, souvent confit dans un fonctionnalisme trop rigide.
Ainsi, les meilleurs projets ne sont pas seulement ceux qui arrivent à l’heure. Ce sont même ceux, qui, en naviguant à travers les époques, désignent un futur possible de l’architecture.
Stéphanie Bru, architecte, Paris
Les mots des membres du jury rassemblés par Espazium:
- Réutilisation
- Atmosphère
- Identité, urbaine ou rurale
- Imagination
- Bifurcation
Nominé DRA5
Agrandissement du site scolaire de Béthusy, Lausanne VD
Maître d'ouvrage: Ville de Lausanne
Architecte: Esposito + Javet architectes associés SA, Lausanne
Le jury a apprécié la façon dont le nouveau bâtiment parvient à tisser des liens entre les différentes altimétries du site. Le volume tisse des relations multiples et variées. Sans façade principale, le bâtiment ne tente pas de créer un front, mais laisse les arbres existants marquer la rue, il fait la part belle aux tilleuls existants et valorise ainsi les caractéristiques naturelles du site déjà présentes. Ce jeu des masses auquel répond la nouvelle école et cette approche sensible crée un lieu qui inspire calme et harmonie en continuité avec le site existant.
Nominé DRA5
Chantier naval, Cully VD
Maître d'ouvrage: Chantier naval de Moratel Sàrl, Cully
Architecte: LOCALARCHITECTURE, Lausanne
Ce hangar à bateaux soigneusement dimensionné fait de lui-même le lien entre architecture navale et architecture tout court. Sa charpente soigneusement fuselée évoque une coque de bateau. L’intérieur du hangar, tout en bois, rappelle le confort d’un intérieur de bateau, alors qu’il s’agit d’un lieu de production. Plus globalement, l’échelle même du hangar est dimensionnée au plus juste, retrouvant l’ergonomie propre aux embarcations maritimes. Ce soin géométrique se retrouve aussi bien dans l’écriture même du bâtiment (un art du pli et du dépli de la charpente, comme un origami) que dans son implantation (l’absorption des déformations de la parcelle pour donner une impression de régularité). Conscient de sa position entre les coteaux et le lac, ce « petit » projet s’affirme par son assurance constructive qui n’est pas l’ennemie de la poésie, bien au contraire.
Nominé DRA5
Construction d’un habitat communautaire autour d’une maison existante, Villy VD
Maître d'ouvrage: Privé, Villy
Architectes:
François Nantermod, Champéry
Madeleine architectes, Vevey
Ce projet est, avant tout, le témoin d’une histoire familiale. Deux frères et une soeur construisent autour de leur maison d’enfance, celle de leur grand-père. Il ne s’agit pas d’étendre le bâtiment originel, mais de le replacer au centre d’un nouvel ensemble. A l’étage, un grand plancher unifiant scelle les trois unités de vie disposées en U autour de la maison d’origine, véritable coeur du projet. Aux angles comme en dessous, des surfaces extérieures, mais protégées restent librement appropriables. Vivre ensemble et partager.
Le minimalisme et l’efficacité de l’ensemble évoquent même l’image d’une grande cabane, rappelant la part d’enfance attachée à ce projet et sa vision de la famille comme communauté élargie, mais garante de l’intimité de chacun.
Nominé DRA5
Deux immeubles en pierres massives, Plan-les-Ouates GE
Maître d'ouvrage: Commune de Plan-les-Ouates
Architectes:
aperraudin, Lyon
Atelier Archiplein, Genève
Quel est le matériau du futur ? La pierre ! Voilà, en tout cas, la réponse très affirmative de ce projet qui expérimente la pierre massive dans toute son épaisseur et ses performances thermiques et constructives. Construire en pierre à un autre atout c’est rapide, « il suffit de la poser » pour citer l’architecte. La matière s’impose partout, redonnant une véritable noblesse et profondeur aux espaces de vie souvent trop standardisés. Elle permet ainsi de rompre avec la culture des logements neufs en apportant une véritable matérialité et
en créant des espaces uniques qui tendent à privilégier des murs blancs recouverts de plaques de plâtre.
Le plan d’ensemble est d’une implacable rationalité : noyau distributif au centre et anneaux porteurs successifs, de plus en plus larges jusqu’à la façade. La double orientation des logements parachève la démonstration.
Nominé et distingué DRA5
Filter House, Chatelaine GE
Maître d'ouvrage: Sylvain Didelot, Vernier
Architecte: COMTE/MEUWLY, Architectes, Genève
Maison écrin, laboratoire formel et constructif, aussi prototype que manifeste, cette « maison filtre » concrétise ses propres investigations architecturales en les accordant à un véritable plaisir d’habiter. Un tel projet repose sur un pari, relevé haut la main : celui d’accorder une économie architecturale avec une volonté de vivre en harmonie avec son environnement. La compacité de la construction affirme que l’architecture doit se mettre au service de l’environnement paysager et non pas l’inverse. Construire léger, c’est aussi investir de nouveaux rapports entre l’intérieur et l’extérieur, faire de l’habitat un filtre sensible et équipé pour encore mieux percevoir la vibration du jardin, et plus largement de l’environnement urbain. Si les plans de la maison proposent de larges surfaces appropriables, sa spatialité ne s’arrête pas à ses limites. Les façades ont la souplesse de textiles, générant des frontières volontairement poreuses entre intérieur et extérieur, sans rien perdre de leur performance thermique. Dès sa mise en oeuvre, cette maison fait preuve d’une grande sensibilité qui tient beaucoup dans la réinterprétation, voire le détournement, de produits et de prestations simples, issues du catalogue. Le coeur de la démarche architecturale tient dans cette réinterrogation permanente — aussi bien des procédures de fabrication que des modes de vie — et qui donne une valeur initiatique au projet.
La mise au point de ce joyau d’habitat tient évidemment à une grande rigueur, mais aussi à une forme de malice et de politesse. Idéalement, ses expérimentations pourraient être généralisées et proposer de nouveaux standards.
Nominé DRA5
Immeuble Verdeaux, Renens VD
Maîtres d'ouvrage:
Lilia Vogt, Cologny
Marianne Graglia, Cologny
Architecte: Dreier Frenzel Architecture+Communication, Lausanne
Cette parcelle d’angle accueille un immeuble atypique : plan triangulaire, distribution par trois escaliers périphériques qui ceinturent cette volumétrie originale. Ce choix de distribution libère ainsi toute la surface des planchers pour l’habitat. Les différents appartements s’organisent autour d’axes en diagonale permettant de « faire grand dans le petit ». Il n’y a pas de couloirs. L’unicité du matériau (façades, escaliers, balcons et toitures en béton) souligne le minimalisme sculptural de cette singulière opération placée sous le signe de
l’étrangeté et de l’humour. Mais c’est aussi remettre au centre du jeu ce qui vaut le plus, en somme, ce qui est partagé.
Nominé DRA5
Kala, Genève GE
Maître d'ouvrage: HES-SO, Genève
Architecte: SUJETS OBJETS /, Genève
Comment rajouter un étage supplémentaire à un bâtiment de 1948 à la forte écriture architecturale ? En proposant un grand volume vitré, sous une grande charpente métallique à l’expressivité très affirmée (peinture rouge et jaune, équipements de climatisation laissés apparents). Ce faisant, le nouveau plan d’étage se libère des couloirs et offre un espace de vie généreux et continu. Le parti-pris est efficace, l’approche ludique et plastique de la construction donne son originalité à ce projet qui est une stimulante promesse.
Nominé DRA5
Le Synathlon - Centre de compétence de sports, Lausanne VD
Maître d'ouvrage: Etat de Vaud
Architecte: Karamuk Kuo, Zürich
Implanté sur un campus, et marqué par l’épure de ses façades en simple peau, ce bâtiment a tout du pavillon rigoureux. Ce serait cependant ne pas rendre justice à la stimulante complexité de son organisation, que de s’arrêter, à son allure de « boîte » rationnelle. Derrière l’anneau de bureaux, le coeur du bâtiment est occupé par un généreux atrium se déployant dans les trois dimensions. Les circulations deviennent ainsi des lieux de rencontre et des espaces informels, aussi bien de travail que de détente, venant se rajouter aux espaces du programme. Les opportunités créées par ces nouvelles typologies génèrent un usage particulier du bâtiment où la sociabilité est mise en avant.
Nominé et distingué DRA5
Maisons Duc, Saint-Maurice VS
Maître d'ouvrage: Municipalité de Saint-Maurice
Architecte: GayMenzel, Monthey
Cette réhabilitation de quatre maisons médiévales autour d’une placette minéralisée ne consiste pas seulement en une restauration des bâtiments, mais aussi en une restauration du lien social. Afin de contrer un projet immobilier spéculatif dans ce quartier historique, mais paupérisé, la ville a porté un projet à vocation sociale pour accueillir une galerie d’art, des ateliers pour artistes en déficience mentale et des logements. L’équipement comme les logements obéissent à une logique de stratification des époques, le
contemporain s’appuyant sur les traces du passé. Ainsi, les matériaux (béton et bois) composent une marqueterie savante avec l’appareillage en pierre des bâtiments originels. Il en résulte un projet chaleureux et accueillant, propre à offrir une nouvelle vie à des bâtiments et, même un quartier, légèrement en souffrance.
Leur démarche fait preuve d’une patience exemplaire et d’une absence de préjugés stylistiques. Leur démarche sans ostentation permet à chacune de leurs réalisations de s’affirmer avec pertinence et discrétion.
Nul pastiche, nul fétichisme historiciste dans leur travail. Encore moins de stratégie facile du mimétisme (avec cette croyance naïve que copier le voisin serait le meilleur moyen de s’intégrer au contexte). L’écriture architecturale de Gay Menzel se remarque par son sens du dessin, des proportions et d’une modénature épurée qui ne tient qu’à eux. Sans parfois aller au-devant d’un relatif anachronisme qui rend leurs bâtiments souvent indatables. La valeur de leur travail tient aussi dans un malin plaisir à brouiller les cartes. Leurs projets ont beau coordonner différents modes de construction, des savoir-faire traditionnels comme des techniques de pointe, mixer parfois la pierre, le métal et le bois, à l’arrivée c’est l’unité qui prévaut. Difficile même, sur certains projets, de distinguer à première vue la partie « réhabilitée » de la partie « neuve » du bâtiment. Cette savante ambiguïté n’est pas qu’un simple jeu. Elle témoigne même d’une certaine philosophie sur la temporalité même des bâtiments. Proposer une architecture, c’est aussi faire preuve de modestie, s’inscrire dans une histoire urbaine déjà partagée et un temps commun.
Nominé DRA5
Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne VD
Maître d'ouvrage: Etat de Vaud
Architecte: Barozzi Veiga, Barcelona
Implanté en bordure des voies ferrées, ce nouveau musée joue, avant tout, la carte de l’introversion. Il impose même d’emblée un certain classicisme par sa grande entrée voûtée, ses emmarchements et la majesté de son hall. La grande salle flexible, en couronnement, bénéficie d’un éclairage zénithal spectaculaire, avec un jeu de caissons capteurs de lumière. Cette rhétorique muséale est fort bien exécutée, et transforme la proposition en un très bel outil pour l’art.
Nominé et distingué DRA5
Plage des Eaux-Vives et Port Noir, Genève GE
Maître d'ouvrage: Etat de Genève
Architecte: Atelier Descombes Rampini SA, Genève
Un réaménagement minimal, et sur un périmètre volontairement limité permet une nouvelle appropriation des rives du Lac Léman. Une bande paysagère établit une jointure oblique entre les rives du quai et les jetées du port de plaisance. Perpendiculairement à la
promenade, des quais s’avancent dans l’eau et scandent une plage protégée, lieu de détente préservé et clairement délimité. L’expressivité des matières — pelouse, sable, béton — permet d’établir un zonage efficace pour les différentes activités. Une pure aire
de détente peut ainsi s’implanter en pleine ville sans besoin d’un dessin trop volontariste. Il s’agit plutôt d’activer une jonction paysagère, pour en faire une parenthèse poétique et appropriable. Il est merveilleux de constater que la plage est un exemple en termes de
durabilité et d’environnement. Le fait qu’il n’y ait eu aucun remblai ni modification du fond du lac est un signe positif de préservation de l’écosystème et nous incite à penser ce nouveau lieu au-delà de la simple consommation de loisirs. L’implication du maître
d’ouvrage — biologiste reconnu — a encore renforcé la pertinence écologique d’un tel projet, réactivant le lien social par le biais de la valeur paysage.
Nominé et distingué DRA5
Rénovation de la Cité du Lignon, Vernier GE
Maîtres d'ouvrage:
Comité Central du Lignon, Vernier
Fondation HBM Camille Martin,
La Rente Immobilière et Marconi Investment, Genève
Pensimo Management et BVK, Zürich
Architecte: Jaccaud+Associés, Genève
Cette réhabilitation au long cours (12 ans de chantier) s’est établie dans le respect du bâtiment existant, et surtout des idées qu’il portait à son époque. Ce nouveau regard sur le patrimoine moderne cherche aussi à établir une continuité entre des modes constructifs de différentes époques, sans altérer ni l’écriture architecturale d’origine ni les surfaces de logements. En témoigne, par exemple, l’utilisation d’un nouveau type d’isolant fin en aérogel, à l’incidence minime sur les épaisseurs des murs et façades. La finesse d’un tel travail a été rendue possible par un travail de recherche préalable, un inventaire constructif mené par les équipes de l’EPFL. La connaissance exhaustive du bâtiment a permis de proposer différentes interventions stratégiques, précises et de pointe, avec plusieurs variantes proposées aux clients. La réhabilitation est ici synonyme de coordination, voire de réorchestration sur le temps long, qui a permis aux 89 copropriétaires (!) comme aux trois agences engagées sur le projet de redonner son éclat originel à ce vaisseau de l’habitat des années 60-70.
Nominé DRA5
RitterUn, Fribourg FR
Maître d'ouvrage: Société RitterUn Sàrl, Fribourg
Architecte: Aviolat Chaperon Escobar Architectes, Fribourg
Comment proposer une extension de villa, en passant à une expression de logements collectifs ? Ce projet propose une forme de duplication de l’architecture d’origine, sur un plan en redents. Visuellement, l’effet est saisissant, créant une forme d’architecture « en accordéon », avec un jardin puis un bois en arrière-plan. Il en découle d’originales typologies de logements, jouant sur des enfilades de pièces sur un axe diagonal. Aussi bien à l’échelle du logement que du bâtiment dans son ensemble, ces logements s’apparentent à une « maison augmentée », voire une « villa collectivisée ». Saluons aussi la détermination des porteurs du projet (architectes et maître d’ouvrage) qui refusent les standards préétablis du logement et proposent une autre spatialité en déployant les qualités de l’existant. Saluons l’autre voie de faire commande et de contrer le marché. Le logement n’est pas un produit.
Nominé DRA5
Théâtre de la Nouvelle Comédie de Genève, Genève GE
Maître d'ouvrage: Ville de Genève
Architecte: Fres architectes, Genève
Ce nouveau théâtre n’impose pas sa monumentalité. Il vient se glisser dans un contexte résidentiel dense, en s’implantant en longueur et en marquant les différentes entités du programme (grande salle, loges, bureaux, atelier de peinture) par des boîtes de volumétrie différente. Le théâtre est lui-même une scénographie, plusieurs de ses espaces intérieurs ou extérieurs pouvant devenir des lieux de spectacle. L’unité de l’ensemble n’est pas uniquement donnée par la matérialité des panneaux de verre en façade. Elle est garantie par le réglage de la coupe, absorbant un dénivelé et mettant le théâtre en rapport avec une place haute et une place basse. Ainsi s’établit un nouveau rapport, plus poreux, entre le théâtre et les Genevois.
Nominé et distingué DRA5
Transformation d'une ferme protégée, Cottens FR
Maîtres d'ouvrage:
Anne Matter, Cottens (FR)
Flavien Felder, Cottens (FR)
Architecte: Simon Durand architecte Sàrl, Lausanne
Ce projet va au-delà de la seule réhabilitation patrimoniale, en proposant une confrontation entre deux rationalismes constructifs. Dans le volume délimité par une charpente originelle s’établit une boîte vitrée. L’efficacité de ce module met en place une condensation de l’habitat. Le programme consiste donc en un jeu astucieux de structure dans la structure. Entre l’ancien et le nouveau, se créent de nouveaux entre-deux spatiaux. L’espace domestique devient ainsi élastique selon les saisons et les utilisations : concentration autour du noyau du foyer l’hiver, appropriation possible de zones intermédiaires non chauffées et en rapport avec l’extérieur au printemps et en été. Ainsi se met en place une dynamique de variation et d’amplification de la domesticité. La question de l’économie d’énergie a une incidence directe sur la délimitation de l’espace. Cette réinterprétation de l’habitat minimum n’est pas perçue comme une contrainte, mais comme une respiration évolutive au cours de l’année, tout cela en explorant la question de la densité en milieu rural.
Nominé et distingué DRA5
Transformation et extension de deux immeubles, Lausanne VD
Maîtres d'ouvrage: Privés, Lausanne
Architectes:
biolley pollini architectes, Lausanne
M–AP architectes, Lausanne
Plutôt qu’une extension, ce projet est avant tout une résolution. Il concrétise le besoin de trois familles, en réadaptant les typologies de l’habitat à la complexité des familles recomposées d’aujourd’hui. Surtout, il investit une « dent creuse » comme prolongement commun de deux bâtiments existants. L’examen des plans et de la coupe montre un réglage minutieux, avec des altimétries savamment calées. Au-delà de cette science, un tel projet montre comment des solutions innovantes peuvent naître d’une écoute réciproque pour aboutir à ce projet de maisons « trois en un » - dialogue, conviction, se soutenir pour le meilleur. Dans ce cas précis, l’architecture ne s’impose pas aux habitants. Ce sont les besoins des habitants qui génèrent une architecture inattendue, redonnant de la noblesse à des terrains négligés dans la ville. Un tel projet souligne la dimension pragmatique d’une architecture pensée sans apriori formel, mais toujours capable d’offrir des solutions optimales et inattendues.
Nominé DRA5
Transformation Lù Chatarme, Arolla VS
Maîtres d'ouvrage: Follonier Sylvie et Jean-Pierre, Les Haudères
Architecte: Deschenaux Follonier, Fribourg & Les Haudères
Cette réhabilitation d’un mayen (ferme montagnarde construite en 1860) poursuit l’esprit d’un savoir vernaculaire attentif au rythme des saisons. Le plan sanctuarise l’existant en faisant de la pièce à vivre le noyau spatial autour duquel se déploie une extension qui vient presque en tangence de la montagne. Cette extension est conçue comme un grand module équipé, voire une grande pièce de mobilier intégré. Depuis l’intérieur, l’expressivité du bois et du béton brut entrent en résonance, voire en contraste, avec les vues cadrées sur la roche regardée comme un tableau abstrait, renforçant encore cette impression d’être à l’abri dans un cocon à la conception millimétrée.
